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Aaron Lindell ~ Conceal, don't feel, don't let them know... Well now they know!

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Aaron Lindell

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MessageSujet: Aaron Lindell ~ Conceal, don't feel, don't let them know... Well now they know! Aaron Lindell ~ Conceal, don't feel, don't let them know... Well now they know! EmptyDim 7 Juin - 1:13

Aaron Lindell
inventé • grandes familles • feat. george blagden

Je suis né le 29/04/2020 à NIAMEY, ce qui me fait donc 25 ANS. Je vis dans L'AGORA, je suis CÉLIBATAIRE, je suis ATHÉE et je m'intéresse aux idées des FILS DE GAÏA. À Abalessa je suis ÉDUCATEUR et on me connaît aussi en tant que FILS CADET DE LA FAMILLE LINDELL. Je parle ANGLAIS, ARABE, ESPAGNOL, FRANÇAIS, HASSANYA, PEUL, TAMAZIGHT

@InkFingers
Informations
Quelles sont vos qualités? Patient et attentif qui sont de toute façon pré-requis quand on s'occupe d'enfants, surtout quand on les éduque. Protecteur de manière générale, que ce soit une personne qui compte ou un inconnu, mais plus particulièrement avec les enfants. Ouvert d'esprit, et le premier qui dit "et pas que" finit pendu au rempart par les pieds. Plus sérieusement, je pense qu'on peut aborder tous les sujets avec moi, du moment qu'on ne me demande pas un avis précis ou engagé. Cultivé, très certainement aidé par un amour de la lecture et une certaine curiosité sur toutes les connaissances possibles et imaginables. Pas que pour faire la leçon à des enfants que je suis entré chez les Archivistes. Et vos défauts? Solitaire, c'est quelque chose que j'entends souvent. J'apprécie la compagnie des autres, pas de soucis, mais j'aime plus être seul. Fier, qualité comme défaut. Sûrement une conséquence de mon éducation, une parmi d'autres que j'essaie de corriger avec le temps. Secret, principalement sur mon passé ou ma famille. Je n'aime pas parler de certains sujets, comme tout le monde je suppose, ceux-là font partie du haut de la liste. Détaché, et je l'assume. La politique ne m'intéresse pas, les rumeurs et manipulations non plus, toutes les histoires qui s'approchent plus ou moins. Et enfin, j'ai tendance à être excessif, principalement dans un domaine: me vider la tête. Alcool, compagnie plus ou moins fréquentable et/ou recommandable, peu importe du moment qu'à la fin de la nuit je ne pense plus qu'à dormir, au moins pour quelques heures. Un signe particulier? Quelques cicatrices presque effacées sur les bras et le torse, preuves de mon entraînement militaire poussé.

Ancien ou Nouveau Monde? J'ai très peu de souvenirs de l'Ancien Monde et ils ne sont pas très positifs. Je sais aussi grâce à mes études qu'il y faisait régulièrement froid, en plus de toutes les horreurs faites par l'Humanité, donc Nouveau sans hésiter. Un objet de l'Ancien monde qui vous manque? La télé, plus particulièrement les dessins animés. Ok, surtout les Disney. On les avait tous et j'adorais en regarder quand on était petits, avant que notre mère meurt. Que préférez-vous dans le Nouveau Monde? La chaleur...et le calme. Surtout le calme. Je me souviens du bruit infernal des voitures quand on vivait à Niamey, et celui encore plus affreux des camions militaires dans les premiers temps après le Changement. Pareil pour tous les autres engins à moteurs, vraiment pas une perte.

Si vous pouviez changer une loi d'Abalessa? L'Article 8, laissez-nous picoler dans la Cité! Plus sérieusement, et parce qu'on me demande un peu trop mon avis sur la question, l'Article 4. Je comprends parfaitement pourquoi les Grandes Familles ont obtenu leur statut, pourquoi certaines le conservent toujours aujourd'hui, mais je ne pense pas que ce soit suffisant pour diriger une ville. À l'époque du camp et des Exodes oui, aujourd'hui il serait peut-être plus intéressant de s'orienter vers un autre système. Quelle serait la prochaine modification majeure à apporter à la cité? Rénover le port, ce qui nous permettrait d'établir de nouvelles routes commerciales vers les villes en amont et aval. Le commerce aide une ville à se développer, et avec les nouveaux arrivants autant de possibilités d'acquérir de nouveaux livres et de nouvelles connaissances. Qui devrait être la prochaine Antinea? D'un côté il y a la réponse facile, que tout le monde attend de moi: Rebecca Lindell, ma sœur. De l'autre, la vérité: je m'en fous. J'ai dit plus tôt que je n'étais vraiment en accord avec ce système, tout en reconnaissant qu'il a été efficace par le passé, mais je voterais quand même. Pour qui en revanche, aucune idée pour le moment.

Quel est votre endroit préféré sur les Terres d'Abalessa et pourquoi? Le TMK, le seul endroit où je peux vraiment faire ce que je veux, et défouler certains élans martiaux très éloignés de mes activités de la journée. Et en plus on picole bien et on se marre pas mal là-bas. Et celui que vous évitez le plus possible? La caserne, pour des raisons plutôt évidentes. Je vis et je travaille à côté, je suis au courant merci... Au moins ça me permet de voir Rebecca plus facilement. Votre journée type? Si je suis rentré dormir chez moi, je déjeune rapidement et file aux thermes avant qu'il y ait trop de monde, sinon c'est l'inverse. Ensuite je vais à la bibliothèque continuer mon livre en cours avant que les enfants arrivent, puis les classes jusqu'à leur départ. Après c'est selon les envies: rester à la Bibliothèque pour lire ou étudier, aller traîner du côté de Stonehenge et l'atelier de certains artistes pour crayonner avec eux, rapide sieste sur la plage de la petite île, balade dans Gizeh, ou autre chose qui ne me vient pas à l'esprit tout de suite. Et la soirée le plus souvent à New Vegas, au TMK ou dans l'un des deux bars, selon l'envie et les finances. Pas les bordels par contre, pas vraiment besoin de ça.

Je m'appelle [secret défense], aussi connue sous le nom de InkFingers et j'ai 27 ans. J'ai connu Abalessa via moi-même, fonda powa et ça a l'air un peu vide pour le moment, ya de l'écho. Je pense que je serais là tout le temps et ça sera fun *rire machiavélique*



Dernière édition par Aaron Lindell le Jeu 22 Oct - 12:33, édité 16 fois
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Aaron Lindell

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MessageSujet: Re: Aaron Lindell ~ Conceal, don't feel, don't let them know... Well now they know! Aaron Lindell ~ Conceal, don't feel, don't let them know... Well now they know! EmptyDim 7 Juin - 23:48

Passé, présent et futur...

“You cannot change what you are, only what you do.”
― Philip Pullman


Family means nobody gets left behind.

J'ai très peu de souvenirs précis datant d'avant le Changement. Des bruits, des odeurs, des couleurs, des formes, les choses que retiennent les jeunes enfants. On vivait bien, il n'y avait pas de problèmes particuliers, tout se passait bien. Puis il y avait eu le départ de notre père et l'inquiétude croissante de notre mère à chaque fois que le téléphone sonnait. Je me demande ce que ça ferait d'en entendre un sonner aujourd'hui, ça fait tellement longtemps. On était encore jeunes, mais je suis sûrement le seul à avoir été le moins marqué par tout ça, pas vraiment intéressé. Puis il y a eu la coulée qui a emporté ma mère, le visage sombre d'Evan, les militaires qui sont venus nous chercher et le regard distant de notre père quand il nous a récupéré en Mauritanie. On était tous ensemble, c'était déjà beaucoup par rapport à d'autres, du peu que j'avais compris à l'époque. Même si on avait plus notre mère, même si mon père et mon frère semblaient soudainement loin et absents.

Et il y avait le bruit. Tous ces véhicules qui circulaient, imposants et grondants, sur terre comme en l'air, couvrant à peine les voix de tous ceux aux alentours. Beaucoup trop, que je ne supportais pas, qui rongeait mes nuits. Dans les premiers temps il y avait encore de l'électricité et on m'a vite trouvé un baladeur, mais ça n'aidait pas vraiment et j'ai gardé un sommeil beaucoup trop léger. Encore aujourd'hui il m'arrive de me réveiller en sursaut parce que j'ai cru entendre le bruit d'un hélicoptère. Le reste ne me dérangeait pas, il y avait toujours ce semblant de normalité malgré tout ce qu'il se passait réellement. L'école, les repas en famille, les jeux avec Rebecca, au milieu de bouleversements environnementaux encore jamais vus, mais j'étais vraiment trop jeune pour comprendre à l'époque. J'ai connu le Changement, mais je ne pourrais pas en parler personnellement parce que je ne m'en souviens pas vraiment. J'ai survécu à cette épreuve de l'Humanité sans l'avoir vraiment vécu. Et aujourd'hui j'enseigne ce qu'il s'est réellement passé, et toutes les conséquences. Pour ne pas reproduire les erreurs du passé, pour qu'ils comprennent le monde dans lequel ils vivent.


I'll make a man out of you.

Dans l'Ancien Monde il aurait été mal vu qu'un petit garçon sachant à peine lire soit déjà capable de se défendre correctement avec un couteau, dans le Nouveau c'était juste une question de bon sens. Je ne me souviens pas non plus à quel moment j'ai vraiment appris à me battre, ou en tout cas quand ce qui n'était que des jeux d'enfants sont devenus sérieux. Mon père était militaire, l'armée a toujours été une part plus ou moins importante de ma vie, j'ai grandi au milieu de soldats et vu leurs entraînements très jeune, il était logique que je suive le même chemin. Peut-être trop justement, et cette idée ne me plaisait pas vraiment, mais c'était ce que mon père voulait alors j'ai obéi. Après tout j'étais avec ma famille et on était en bonne santé, c'était tout ce qui comptait à l'époque. Alors si en plus je rendais mon père fier... Cette pensée a longtemps été au centre de ma vie, encore un peu aujourd'hui malgré tout ce qu'il s'est passé, et je me suis appliqué à tout faire pour répondre à ses attentes. Être un bon fils, un bon soldat, apprendre tout ce que je pouvais pour être à la hauteur et ne pas décevoir. J'étais le fils d'un des pilliers du camp, je devais être irréprochable. Alors en plus des cours normaux avec les autres enfants j'avais aussi des cours particuliers avec le Grand Archiviste, apprennant tout de l'Ancien Monde, les guerres passées et leurs conséquences, les questions de politique qui avaient changé l'équilibre des pouvoirs au cours de l'Histoire, les avancées technologiques que j'avais connu sans même m'en rendre compte. J'adorais mon professeur et je faisais de réels progrès avec lui, assez en tout cas pour que mon père accepte que je passe la plupart de mon temps avec le Grand Archiviste, malgré son caractère particulier. Pendant un moment j'ai même évoqué l'idée de devenir moi-aussi un Archiviste mais on m'a vite remis dans le droit chemin. Et il y avait le dessin, dès que j'avais un peu de temps pour moi. Même si le papier se faisait de plus en plus rare et les crayons encore plus, j'ai vite trouvé d'autres alternatives: fusain, craie, même juste des traits dans le sable me suffisaient. Le Premier Exode est arrivé sans que j'y prête vraiment attention, comprennant seulement que le camp devait bouger pour survivre. Survivre. Une notion qui était maintenant au centre de tout ce qu'on faisait. Nous avions survécu au cataclysme, nous devions survivre à la suite.

Avec l'installation dans l'oasis sont venus de nouveaux concepts que je ne comprennais pas toujours. Le jeu des alliances notamment, où j'avais aussi un rôle. De nouvelles attentes sont apparues, de nouveaux mots aussi. La fille d'un ami de mon père, un bébé que ma soeur adorait, est devenue ma future fiancée. Mon frère était désormais Second du Patriarche. Des détails que le Grand Archiviste m'aide à saisir même si ça n'a pas l'air de lui plaire, comme mon implication de plus en plus évidente dans l'armée. Et je ne comprennais pas non plus sa réaction, quel gamin de neuf ans l'aurait compris, mais est-ce que j'en étais vraiment un dans ce Nouveau Monde? Tous les jours j'apprenais à défendre l'oasis, à diriger des hommes, à saisir les compléxités d'une stratégie, à un âge où j'aurais dû passer la plupart de mon temps à jouer avec des enfants de mon âge. J'avais ma soeur, c'était suffisant. J'ai finalement rejoint les rangs à mes douze ans, servant dans la milice sous les ordres de mon père et mon frère, prenant mon service dès que j'avais fini les cours jusqu'à la moitié de la nuit en général, tout en étant rarement sur le terrain. C'est arrivé un an après, que je n'ai pas vu passer. Juste une routine bien réglée, avec le dessin et les livres en seule réelle pause loin de tout. Mon avenir était déjà tracé et j'étais un bon soldat, je suivais les ordres sans poser de question. Y compris quand ça signifiait prendre une vie. Tuer ou être tué, tout faire pour survivre. C'était comme ça que ça marchait dans le Nouveau Monde. Un soir où j'étais dans un groupe patrouillant autour du camp, des pillards ont attaqué et il a fallu les repousser. Ce qui n'était jusque là que de la théorie est devenu réelle et j'ai parfaitement appliqué ce qu'on m'avait enseigné. J'ai défendu le camp. J'ai plongé mon épée dans le ventre d'un ennemi, senti son sang chaud sur mes mains et mon visage, entendu son dernier souffle, sans même réaliser sur le moment. Ma mission était de défendre le camp, sa survie était en jeu, et j'ai continué jusqu'à ce que la menace disparaisse. C'est assez flou, j'ai refait surface en sentant la main d'Evan sur mon épaule, sa voix lointaine. J'avais à peine treize ans et je venais de tuer pour la première fois. Pas la dernière, mais ça faisait partie de ce que j'étais, de ce qu'on m'avait appris à être.

Quelque chose s'est éteint cette nuit-là, sans que je sache quoi avant des années, et j'ai aujourd'hui de réguliers cauchemars et regrets par rapport à ce que j'ai fait, mais à l'époque c'est passé sans trop de problèmes. C'est d'ailleurs cette absence de réaction qui a entrainé la fin de mon apprentissage avec le Grand Archiviste. Mon mentor avait toujours été en désaccord avec la façon dont mon père m'éduquait, je le savais, mais je ne comprennais pas pourquoi ce qu'il s'était passé le dérangeait tant. Que valait la vie d'un homme face à la survie du camp? Il m'a foutu dehors en promettant de me coller la raclée de ma vie si je revenais avant d'avoir une réponse à cette question. Je n'ai pas réagi sur le moment non plus, juste demandé un nouveau professeur à mon père. Et les années sont passées. J'ai appris de nouvelles langues et manié de nouvelles armes, j'ai tué quand c'était nécessaire, je me suis assuré de faire ce qu'on attendait de moi. J'ai été nommé à la tête d'une patrouille, directement sous les ordres de mon frère, chargée de surveiller les abords du camp. Une vie bien organisée, où chaque étape était préparée avec attention, où chaque chose était à sa place. Ou presque. J'étais en exercice avec mes hommes dans le désert au moment des inondations, nous ne sommes revenus qu'en voyant les premiers survivants s'avancer dans les dunes. Rassembler ce qu'il restait du camp et s'assurer de sa sécurité, en évitant de remarquer l'absence de certains visages familiers dans la foule. Il y avait eu beaucoup de pertes dans l'armée, mais ma famille était saine et sauve et c'était tout ce qui comptait.


I don't want to survive, I want to live.

Le Second Exode a été une période importante pour moi. Il était clair maintenant que ma place était dans l'Armée, que j'étais destiné à seconder mon père et mon frère dans les prochaines années, on me préparait pour ça, et je ne disais rien. J'obéissais aux ordres, mécaniquement, dans ce monde où le mot n'avait presque plus aucun sens, et ça m'allait. Peu de contacts avec les autres en dehors de ce qui était nécessaire, à l'exception de ma sœur. Pour elle je faisais un effort, mais c'était tout. Pourquoi s'attacher à une personne, quand elle peut être emportée le lendemain par une coulée de boue. La vie n'était pas précieuse comme certains pouvaient le dire, et je le savais depuis des années. J'étais mieux avec mes livres et mes dessins, avec mes armes quand je le devais, seul autant que possible. Plus l'envie. Encore moins celle de courir après un mirage, on apprend vite en vivant dans le désert. Avec le recul, il est possible que ce soit malgré tout ce mirage qui ait déclenché tout le reste. La dernière goutte d'eau, aussi précieuse qu'infime. Ou juste être sortie de cette routine décidée pour moi sans que je pense même à contester. Faire un choix, différent pour une fois. Et vivre. Les camps provisoires du Second Exode étaient toujours animés, jours et nuits, toujours en mouvement, à toute heure. Un organisme vivant, avec une organisation bien précise malgré l'anarchie apparente. Entre ma dernière année d'études et mes devoirs de soldat de plus en plus importants, je passais tout mon temps libre à dormir. Maison, archives, caserne et missions, maison, tous les jours, sans jamais de réelles pauses puisque j'étudiais seul ou avec un Tuteur quand il n'y avait pas cours. Ça m'allait, j'étais de toute façon destiné à avoir un emploi du temps similaire toute ma vie, mon père vivait comme ça, pareil pour mon frère, pourquoi faire autrement? Je doutais même que ce soit possible à l'époque. C'est ce soir-là que j'ai rencontré Ezoke. Percuté plutôt. Et on se connaissait déjà, avec les présentations entre Familles, mais sans s'être jamais adressé la parole. Environ le même âge, un peu plus grand que moi, il était le fils cadet de celui qui gérait les troupeaux, moi celui du chef des armées, et c'était tout ce qu'on savait l'un de l'autre. Triste après tout ce qu'on venait de vivre.

On a commencé à parler en marchant à travers les tentes, pour finalement se perdre et arriver au milieu d'un groupe de notre age qui chantait et dansait autour d'un feu un peu à l'écart du camp. Le genre qui était vite dispersé par la milice pour éviter de se faire remarquer par d'éventuels pilleurs. Et certains le savaient, ça se voyait dans leurs regards, dans leurs sourires qui fondaient. J'ai reculé, parce que ce n'était pas ma place, et j'allais rentrer quand Ezoke m'a retenu en soulignant que je n'étais pas en service ce soir. Et il n'avait pas l'air de vouloir lâcher l'affaire, ou mon bras d'ailleurs puisqu'il m’entraîna rapidement dans le groupe. Il y avait des bouteilles d'alcool qui tournaient, l'Article 8 n'existait pas encore, et j'ai fini par boire. Pression du groupe ou celle qui m'oppressait depuis que j'étais entouré de tout ce monde, du bruit des rires et de la musique. Et puis j'ai beaucoup bu, parce que ça aidait un peu mine de rien. Sourire à mon tour, rire avec les autres, écouter la musique et oublier pour une fois ce que je devais être le reste du temps. Je regrette de ne pas avoir pu dessiner ce soir-là, mais les souvenirs sont encore très vifs. À un moment on m'a demandé une chanson, ou de jouer quelque chose, mais j'ai toujours été très mauvais. Mais je connaissais des poèmes, à force de dévorer tout livre qui me tombait sous la main dès que j'en avais l'occasion. J'ai récité un passage de la Bible, l'Ecclésiaste 3, sans vraiment savoir pourquoi. Et tous me regardaient, presque en silence, avant que la voix d'un ou deux autres qui l'avaient aussi lu et s'en souvenait assez. Et au milieu de tous, un regard qui m'a servit d'ancre alors que je sentais mes jambes trembler. Et sitôt les derniers mots prononcé, j'ai rejoins la jeune fille à qui appartenaient ces yeux, me glissant à travers la foule avec le sourire qui m'accompagnait depuis que j'avais croisé son regard. L'or de ses iris aurait pu éclipser le soleil et l'éclat de ses cheveux rendre pâle et froid le plus brûlant des feux, mais ce sont ses courbes pleines qui finirent de me conquérir. Une main posée doucement sur sa hanche, un regard complice et on s'éloigna à travers les tentes, jusqu'à la sienne.

Je suis rentré à l'aube avec une gueule de bois monumentale, et un sourire niais d'après Rebecca, et j'ai légèrement dérapé au petit-déjeuner familial, toujours selon ma sœur. Parce que je n'ai strictement aucun souvenir de ce qu'il s'est passé ce matin-là, ça ne revient que vers le début l'après-midi. J'aurais apparemment suggéré à mon frère de se retirer le cimeterre qu'il avait dans le fondement et de se trouver une autre passion que faire la gueule. Sûrement comme ça que je me suis retrouvé à ranger et inventorier l'armurerie le reste de la journée, puis chargé de corvées diverses les jours suivants. J'ai soigneusement évité Ezoke pendant quelques temps, jusqu'à ce qu'il me coince et m'embarque pour une nouvelle sortie, dans le désert cette fois, loin des limites du camp ce soir-là. On a beaucoup discuté, une nouvelle fois, pour arriver sur certains sujets que je n'abordais jamais. Mes obligations, le chemin que mon père avait tracé pour moi, le détachement général depuis le début du Second Exode. Les livres et le dessin qui me permettaient de m'échapper un peu, parfois, quand j'avais le temps. Son passé et son envie d'apprendre, certaines lacunes qu'il voulait combler, les souvenirs à enterrer. On est rentrés tard, en évitant de justesse une patrouille, pour remettre ça la semaine suivante, puis la suivante. Parfois on parlait, parfois on apprenait ce que l'autre savait faire. Parfois on se joignait à un groupe. Et on s'amusait. Beaucoup. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à dissocier mes vies diurnes et nocturnes, tout en me débrouillant pour qu'elles cohabitent le plus facilement possible. Y compris quand ça voulait dire assurer une ronde tout en ayant pas dormi, ou l'entraînement quand j'avais encore la gueule de bois. Sérieux et discipliné la journée, tout l'inverse la nuit. Je pouvais mourir le lendemain, autant profiter de cette éventuelle dernière nuit pour faire quelques nouvelles expériences. Et malgré toutes les heures à côtoyer des corps musclés et luisants de sueurs, l'idée même de connaître charnellement un homme ne m'avait jamais effleuré, tout occupé que j'avais été à découvrir l'autre merveilleux sexe, et j'ai découvert une nouvelle palette de plaisirs que seul un homme pouvait donner et recevoir. Sans compter certains avantages dans les relations entre membres du même sexe, comme l'incapacité à se reproduire. Il y en a eu plusieurs par la suite, d'autres femmes aussi. Je n'ai pas de préférence, sur le plan strictement physiologique en tout cas, c'est surtout une question de caractère et de moment. Mais toutes mes relations, aussi diverses soient-elles, ont toujours été courtes et discrètes, tout comme seules quelques personnes très proches étaient au courant de ma non-préférence.

Chaque nuit je m'endormais aux côtés d'une ravissante créature et chaque matin j'avais l'impression de renaître, nouveau et changé tout en étant parfaitement identique en apparence. J'ai transformé mon renoncement en patience, changé certaines mauvaises habitudes prises au fil des années et réappris certaines choses que j'avais oublié avec le temps. J'ai fait ce qu'on me demandait, me négociant juste assez d'espace pour pouvoir continuer à m'amuser librement, et j'ai réfléchi. Longuement. Bien sûr que j'aurais pu continuer comme ça toute ma vie, en équilibrant les deux avec minutie, j'en étais largement capable, au prix de quelques éventuelles complications dues à ma place dans la hiérarchie du camp. Dans quelques années je me marierais pour servir les intérêts de ma famille, que je servirais aussi. J'aurais un poste important, et j'aiderais la population en la protégeant. Sur le fond ça m'allait parfaitement, sur la forme un peu moins. Peut-être une attaque de trop, ou la vue de la vie paisible des habitants malgré les conditions, jour après jour. Je n'étais plus l'adolescent du début du Second Exode, je ne me reconnaissait plus en lui, et je préférais ce que je devenais quand je n'étais pas en service pour mon père. Libre. Vivant. Mais j'hésitais encore beaucoup. Je suis retourné voir le Grand Archiviste après toutes ces années, en essayant d'exposer clairement ce qui tournait dans mon crâne. Me conformer à ce qui avait été décidé et m'arranger avec, essayer de changer certains détails pour mieux vivre l'avenir qu'on m'avait choisi, ou rejeter ce chemin tout tracé et en prendre un autre? Ma vie ou celle du camp? Un long monologue sûrement très confus, qui eu pour réponses un regard levé au ciel et une remarque sur mon agitation. L'amabilité légendaire du Grand Archiviste, mon ancien mentor. Quelques mots sur l'importance des choix et d'un esprit calme, comme quoi je comprendrais quand je serais prêt à prendre ma décision, avant d'être purement et simplement mis à la porte. Pas vraiment compris à l'époque, toujours pas sûr aujourd'hui, mais il avait raison. Ça a prit du temps, j'ai aussi beaucoup profité de cette situation relativement tranquille.

Et j'ai été fiancé, comme prévu, à Agnès. Peu après la mort de la Seconde Antinea. Il y a eu un échange de bijoux, un grand repas très joyeux, de l'animation, et je n'ai pas bronché. Toujours incapable de prendre une décision, de savoir ce que je voulais vraiment, alors que mes possibilités disparaîtraient bientôt. Je n'avais toujours aucune idée de ce que je voulais faire quand nous avons rencontré les Touaregs et avons rejoint Tamanrasset. Puis les discussions sur Abalessa commencèrent et j'écoutais. Une ville changerait beaucoup de choses, y compris certains rapports de force. Et puis il y avait eu ce nouveau titre, glissé entre d'autres. Capitaine de la Milice. Pas le seul prétendant, mais j'étais très bien placé évidemment. D'autres mots, les fondements de la future Loi. La non-implication politique des Archivistes. L’État de Siège. La régulation de l'alcool. Un détail je sais, mais ça m'a marqué. J'écoutais avec attention une partie, l'autre ne m'intéressait pas vraiment, mais je savais tout ce qui se préparait. Les nouvelles alliances, le placement des pions dont je faisais partie, les mouvements qui seraient amorcés au fil des années. Spectateur silencieux du moment où on décidait de mon avenir. J'avais bien compris qu'il ne servait de toute façon à rien de m'opposer à ça tant que je n'aurais pas une alternative intéressante à proposer, ce qui n'était pas le cas. Alors j'ai fait ce qu'on m'a dit. J'étais dans le détachement qui visita Abalessa avant l'installation, quand les emplacements de certains bâtiments furent décidés. J'ai posé les pieds dans ce qui deviendrait la Bibliothèque, là où je travaille aujourd'hui. Là où je vis. Et j'ai su.


There's no one I'd rather be than me.

Je ne sais même plus ce qui a déclenché ça, une énième remarque ou un autre regard qui n'est pas passé, peut-être juste un mot mal choisi. Je voulais aborder le sujet calmement avec lui, mettre en évidence les avantages d'avoir malgré tout un fils chez les Archivistes, l'importance de l'éducation pour l'avenir de la Cité, tout un tas d'arguments et défenses soigneusement préparés, qui ne servirent à rien. J'ai tout lâché, d'un coup. De toute façon tout était déjà prévu et arrangé, il ne pouvait pas m'arrêter. Mes fiançailles avec Agnès? Brisées, et elle était déjà au courant. Mon futur poste de Capitaine de la Milice? Rien à carrer, depuis qu'il avait eu l'idée de me nommer à cette position. L'image que ça donnait de la Famille et ce qu'on en dirait? Je m'en foutais, modèle continental. J'aurais pu m'arrêter là, tourner les talons et partir, vite, avant que ça dégénère. Mais pour une fois que je pouvais parler et lâcher tout ce qui bouillonnait derrière, je me suis fais plaisir. Et tout est sorti. À quel point il avait détruit le peu d'enfance que j'avais eue, lentement laminé tout ce qui avait fait de moi un petit garçon heureux, et comment j'allais m'appliquer à faire que ça n'arrive plus jamais à aucun gosse de cette ville. Ses jugements que je ne supportais plus, sa vision du monde distordue. Tous mes excès, juste pour lui montrer à quel point il était aveugle quand il le voulait. Je n'avais vu cette lueur dans le regard de mon père, et honnêtement... Je regrette d'avoir fait ça. Nous avons nos désaccords, peu de points communs, des visions presque totalement opposées, pourtant il reste mon père, celui qui m'a élevé et permis de vivre à travers le Changement et les galères du Nouveau Monde, de finalement devenir ce que je suis aujourd'hui.

Je suis sorti, en claquant la porte, à la fin de mon monologue, sans même un regard en arrière. Un passage rapide par ma chambre pour prendre le reste de mes affaires, sans croiser personne, et direction de la Bibliothèque, le plus rapidement possible. Avant de changer d'avis, de gré ou de force. Faire mon premier vrai choix. J'ai signé chez les Archivistes moins d'une demi-heure plus tard, pour deux ans d'apprentissage avant de devenir Éducateur. L'un des premiers Apprentis Archivistes d'Abalessa, dans une Bibliothèque qui venait à peine d'être terminée. Je faisais partie des plus âgés, et mon passé militaire - sans parler de mon appartenance à une Grande Famille malgré la non-implication politique des Archivistes - n'était pas bien vu de certains. Mais je n'ai jamais vraiment eu de problèmes, le passé militaire encore une fois. Ça et les traces de coups qui ornaient mon visage certains matins, accompagnés d'une nouvelle rumeur: le TMK me comptait parmi ses clients réguliers, depuis son ouverture, et je n'étais du genre à faire dans la délicatesse. Le reste se passa exactement comme je l'avais espéré. J'ai énormément appris, confirmé que je voulais vraiment travailler avec des enfants, partagé et découvert tout un tas d'informations sur une multitude de sujets dont j'ignorais l'existence, et j'en ai même profité pour m'améliorer en dessin. Et le jour de la fin de mes études, après avoir obtenu de très bons résultats à mes examens, j'ai pris le pinceau pour écrire à mon tour une citation sur le grand mur blanc. "You cannot change what you are, only what you do." Placé de manière à ce que mon père puisse voir à chaque fois qu'il est à la caserne.

Mes premières classes n'ont pas été faciles, surtout avec les élèves les plus âgés, mais rien d'insurmontable et encore moins qui pourrait me faire changer d'avis. J'aime travailler avec des enfants, les aider à comprendre le monde qui les entoure et qui ils sont, et un an de classes parfois indomptables n'ont pas changé cette vision des choses. Le reste n'a été qu'une adaptation à mon nouveau mode de vie. Je profite de ma liberté chaque jour, en faisant ce que je veux, en fréquentant des personnes non pas pour leur utilité mais parce qu'elles m'intéressent, en étant qui je veux être, en profitant tout simplement de la paix qui règne en ville. Les après-midi au bord de l'eau, les nuits à New Vegas, tout en me débrouillant pour ne pas croiser mon père ou mon frère et voir régulièrement ma sœur. J'ai vu l'évolution de la Cité, les améliorations apportées à notre mode de vie jusqu'alors plutôt primaire, observé les nouvelles alliances se mettre en place, tout en sachant ce que préparent certains, ce qui est prévu depuis des années. Puis l'Antinea a été assassinée et les premières rumeurs se sont fait entendre. Celles visant mon père, ma famille de manière générale. Les premières tensions, dans la Cité comme ailleurs, pour des histoires de politique. Les choses ne s'arrangent pas avec les élections qui arrivent, le grand jeu des alliances recommence et j'espère que personne ne sera assez désespéré pour essayer de m'utiliser dans la course au pouvoir.


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